Vie de bohème

De nos lignes de vie à nos lignes de métro
entre vie de bohème et vie de chien.
ils ne font que passer
comme si passer n'était rien.
Quelquefois vénéré, torero,
enfant de la balle, musicien,
mais souvent bouc émissaire.
On lui jette alors des pierres
jusqu'au camp de la mort.
Supplément d'âme ou supplément d'emmerdement,
tel est le rôle assigné au gitan.

Vie crue, vie hirsute,
à fond la caisse ou rien,
virtuose de l'émoi,
j'aime leur infaillible instinct de l'instant.

Leur rendre ce qui leur appartient.
c'est-à-dire rien
du vent, des airs.
L'image de Django qui crame dans sa roulotte à Saint-Ouen.
Leur rendre grâce de nous avoir appris
qu'en bougeant, on acquiert le sentiment
de peser moins lourdement sur cette terre
que la plupart des vivants.

texte arcandé dans "Là-bas si j'y suis, Carnets de routes" de Daniel Mermet

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